La souveraineté selon Parizeau: L'argument de la mondialisation
PC
Le Soleil jeudi 9 février 2006
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Trois-Rivières - Jacques Parizeau ne manque pas une occasion de parler de souveraineté. Hier, devant des étudiants de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), il a abordé le sujet sous l'angle de la mondialisation. Plus que jamais, la libéralisation du commerce et les progrès des communications ont des effets sur le quotidien des gens et selon l'ex-premier ministre, ce qui est à venir est encore plus important.
"La mondialisation ne rend pas moins actuelle la souveraineté", a-t-il déclaré d'entrée de jeu.
En quelques anecdotes, passant d'un stand de produits viticoles du terroir qui a dû cesser ses activités au marché Jean-Talon à la concertation des pays africains producteurs de coton, il a démontré que le Québec, plus que jamais, avait besoin d'une voix au chapitre.
Évoquant la question de l'eau, l'ex-premier ministre a rappelé que si elle devait être considérée comme un "bien commercialisable", alors les règles de l'Organisation mondiale du commerce s'appliqueraient et le Québec n'aurait rien à dire si, par exemple, les États-Unis allaient de l'avant avec un projet d'approvisionnement à la baie James.
"Le Québec n'a rien à dire. Il n'a pas de voix. On est comme la vache qui regarde passer le train. Pire que ça, on ne sait même pas qu'il y a un train, a-t-il illustré. Toutes ces discussions n'ont lieu qu'entre les pays et on sait que les pays sont de plus en plus nombreux et qu'il y en aura de plus en plus."
Selon lui, cela s'explique par le fait que ce n'est plus l'économie qui dicte la création des pays. "Le Canada a été créé pour des raisons économiques. L'Allemagne aussi. Aujourd'hui, ce qui définit un pays, c'est sa culture. C'est sa langue, ses institutions politiques, son système d'enseignement et son système juridique. Chaque groupe d'individus qui se définit comme une nation a des aspirations à devenir un pays", a mentionné M. Parizeau.
Dans le contexte actuel et surtout en fonction de ce que l'avenir peut nous réserver, il croit que le Québec doit non seulement avoir son mot à dire, mais aussi et surtout les moyens de le faire.
"Ça va devenir de plus en plus dangereux de ne pas être capable de veiller sur nos propres intérêts. On laisse des décisions qui affectent la vie de tous les jours entre les mains de quelqu'un d'autre. On commence à faire dur dans le concert des nations. Il y a des petits pays qui ont une voix pour se défendre et nous, pas encore. Il faut avoir un pays à nous. C'est urgent", a-t-il plaidé.
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