Le Bloc lance la bataille de Québec
Des idées séduisantes pour reprendre la région aux conservateurs
Le Devoir - lundi 23 octobre 2006
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par Porter, Isabelle
Québec - Avant de faire de Québec la capitale d’un pays souverain, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, compte se battre pour qu’elle obtienne une organisation des Nations unies, un centre des sciences, un centre de recherche sur les changements climatiques et un train à grande vitesse vers les États-Unis.
« C’est notre force, au Bloc québécois, de lancer des idées. C’est également notre rôle de reprendre des projets conçus par la population, de les porter sur la scène fédérale et de les pousser jusqu’à ce qu’ils aboutissent », a déclaré Gilles Duceppe dans le discours de clôture du conseil général du parti qui se terminait hier, dans la capitale.
Le Bloc, qui s’est fait ravir neuf sièges dans la région de Québec lors du dernier scrutin (huit par les conservateurs, un par André Arthur), a donné beaucoup de place à la capitale lors de son conseil général. Toute la journée d’hier a été consacrée à un forum intitulé « Québec international » au cours duquel des conférenciers sont venus présenter des projets mobilisateurs pour la région de Québec : un centre des sciences pour les jeunes, un centre d’excellence sur les changements climatiques affilié à l’Université Laval, le raccordement de la capitale au réseau américain de trains à grande vitesse, etc.
On avait également invité l’ex-ministre péquiste Louise Beaudoin qui a fait un exposé sur la nécessité d’établir à Québec le secrétariat onusien qui devrait naître de la ratification de la Convention sur la diversité culturelle de l’UNESCO.
Pour le chef du Bloc, ces initiatives sont des « avant-goûts » de ce que permettra la souveraineté. Un autre projet, celui de faire du Saint-Laurent « la porte d’entrée de l’Atlantique » en investissant dans le transport maritime, a quant à lui été inscrit dans l’agenda à plus long terme de la souveraineté. En attendant, « le Bloc québécois fera en sorte de faire comprendre au gouvernement fédéral que, pour le Québec, l’avenir du Saint-Laurent est un enjeu majeur ».
« Les gens ne seront pas dupes », rétorque Maxime Bernier
Le Conseil a en outre permis au parti de se mettre en mode préélectoral. Le Bloc québécois se prépare à la tenue d’élections à partir de février, après le dépôt du prochain budget Flaherty. Dès demain, Gilles Duceppe participera d’ailleurs à une première assemblée d’investiture à Québec dans la circonscription de Charlesbourg-Haute-Sainte-Charles, où le syndicaliste Denis Courteau se présente sans opposant.
« Nous nous donnons aujourd’hui les outils pour préparer avec soin les prochaines élections », a-t-il déclaré samedi. « Maintenant, Stephen Harper doit livrer la marchandise au Québec, tout particulièrement en ce qui concerne l’élimination du déséquilibre fiscal. Si Stephen Harper veut trahir cette promesse, nous allons faire tomber son gouvernement. »
Hier, le ministre fédéral de l’Industrie, Maxime Bernier, a tenu à répliquer aux déclarations de M. Duceppe en fin de semaine : « Le Bloc québécois descend à Québec et fait un tas de promesses aux Québécois sachant qu’il ne sera jamais au pouvoir pour les réaliser. Je pense que les Québécois ne seront pas dupes », a-t-il déclaré au Devoir. « Le Bloc québécois ne pourra jamais réaliser ces promesses-là. Le meilleur exemple, c’est le déséquilibre fiscal. Le Bloc en a parlé pendant des années, et ça n’a pas empêché les libéraux de ne pas le reconnaître. » À ce propos, M. Bernier n’a pas voulu dire si son gouvernement pourrait livrer la totalité des 3,9 milliards réclamés par le Bloc dans le dossier du déséquilibre fiscal : « Nous allons régler le déséquilibre fiscal [...] Les détails de sommes d’argent, ça peut se régler par une augmentation de la péréquation, un transfert de point d’impôts, il y a plusieurs solutions. Et là-dessus, on n’est pas encore en mesure de savoir quel va être le chiffre précis. »
Les dossiers controversés à Québec
Même si les plus récents sondages indiquent que le Parti conservateur est toujours premier dans la région de Québec, les députés du Bloc plaident que les électeurs de Québec ont été déçus par l’équipe Harper à qui ils reprocheraient notamment de ne pas avoir empêché la fermeture du jardin zoologique et celle du Centre de tri de Postes Canada.
« Les conservateurs ont de moins en moins de crédibilité », déclarait hier le député Michel Guimond (circonscription de Beauport-Montmorency), le seul rescapé avec Christiane Gagnon (circonscription de Québec) de la vague conservatrice qui a déferlé sur la région, lors du dernier scrutin. M. Guimond compte aussi sur les dossiers de l’environnement et de l’Afghanistan pour nuire aux élus conservateurs : « Dans les activités auxquelles je participe dans ma circonscription, les gens me disent que Harper est un deuxième Bush. »
En plus d’organiser le forum du week-end dernier, le Bloc québécois a accru sa présence dans la région de Québec au cours des derniers mois. L’ancien député bloquiste Christian Simard a été embauché à temps plein à la permanence du parti à Québec que Gilles Duceppe visite désormais toutes les trois semaines. Comme l’indique le Plan d’action 2006-2007 du parti, « la reconquête de la région de Québec est un objectif majeur pour le Bloc québécois. C’est clair, le Bloc québécois a l’intention de reprendre sa place dans le coeur des Québécoises et des Québécois ».
Colloboratrice du Devoir
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