Publié le 28 juin 2011 à 05h00 | Mis à jour à 05h00
Point de vue
Oui à la dissolution du Parti québécois
Qu'on se le dise, soutient l'auteur, l'indépendance est la seule voie possible pour éviter l'assimilation, parce qu'en dehors de la souveraineté, il est pratiquement impossible d'imaginer des institutions et des structures organiques qui garantiront la liberté des Québécois.
André d'Allemagne, le penseur du rassemblement pour l'indépendance nationale (RIN), disait que «sans État, un peuple appartient au folklore». Depuis la dissolution du RIN, le peuple québécois s'est au moins doté d'un parti souverainiste. Un parti qui, voulant malheureusement éviter les dissensions, a tenté de réconcilier tous les souverainistes en feignant d'ignorer les différences et les classes sociales.
À court terme, cette stratégie électoraliste fut intéressante. Cependant, si on regarde ce que le Parti québécois (PQ) a réalisé par rapport au programme que s'était fixé le RIN au mois d'octobre 1962, on se rend bien compte que peu de choses ont changé. D'abord parce qu'avant d'être un nous, nous sommes des je, avec tout ce que sous-entend cette charge identitaire sur le plan professionnel, électoral, etc. C'est pour cette raison qu'avec l'idée de souveraineté-association, René Lévesque était peu crédible aux yeux des indépendantistes et du Canada anglais. L'approche de Lévesque était trop molle et conciliante, voire tout juste bonne à promouvoir une nouvelle administration, qui, au fond, devait travailler davantage à la décolonisation du Québec qu'à la souveraineté. René Lévesque avait plusieurs qualités, mais il était aussi d'allégeance libérale avant de devenir péquiste.
Qu'on se le dise, l'indépendance est la seule voie possible pour éviter l'assimilation, parce qu'en dehors de la souveraineté, il est pratiquement impossible d'imaginer des institutions et des structures organiques qui garantiront la liberté des Québécois. Il nous faut reprendre les commandes de notre économie, en créant des structures socio-économiques qui mettront nos ressources à la disposition des citoyens du Québec. Ce que Jean Charest, un ancien conservateur, maintenant libéral, et Lucien Bouchard, un ancien conservateur bloquiste et péquiste, ne font pas dans le dossier du gaz de schiste, par exemple. En réalité, ces deux néolibéraux s'entendent pour défendre les intérêts privés des grandes firmes, au détriment du bien commun. Une administration plus progressiste tenterait plutôt de redistribuer équitablement les richesses produites à partir de l'exploitation de notre sol.
Pour sortir du marasme néolibéral, je suggère de créer des rassemblements régionaux qui auront pour mission de promouvoir l'indépendance du Québec. Et lors des prochaines élections provinciales, ces regroupements éliront des représentants, qui porteront les intérêts des citoyens, en respectant les spécificités régionales, au sein d'une coalition qui remplacera le Parti québécois. Cette coalition pour l'indépendance du Québec (CIQ) pourra éventuellement s'associer à Québec Solidaire et aux dissidents du PQ, qui veulent un pays bien à eux.
Cette approche, je le crois, pourrait éventuellement tenir en respect Monsieur François Legault, qui propose notamment des augmentations de salaire aux enseignants, à condition qu'ils abandonnent leur affiliation syndicale. Comment et quand négocieront-ils la prochaine augmentation de salaire? Legault ne le précise pas. Pas plus que plusieurs chefs syndicaux, à qui le système en place accorde des privilèges, pour qu'ils fassent tourner la machine d'un nous fictif et anonyme, au détriment d'un je, si cher aux patrons.
Tant et aussi longtemps que les partis actuels continueront à se comporter comme des bureaux de comptables au service du secteur privé, l'indépendance restera une illusion. Je suggère de faire les choses différemment, en ayant à l'esprit que le pouvoir corrompt, et que les intérêts du je passeront presque toujours avant ceux du nous. Il faut donc plus de vigilance, mais surtout plus de démocratie empreinte de couleurs locales. Il serait aussi souhaitable que les souverainistes respectent un code déontologique qui préviendrait les dérapages xénophobes. Autrement, la grisaille des mots et l'administration asservie à la finance auront nécessairement le dernier mot sur le devenir et la liberté du peuple québécois.
Luc Benoit, Trois-Rivières