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 Propos d'un provincial

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MessageSujet: Propos d'un provincial   Propos d'un provincial EmptyLun 20 Juin - 15:48


Propos d’un provincial
Viateur Beaupré
Tribune libre de Vigile
dimanche 19 juin 2011 119 visites 1 message

Depuis maintenant un siècle et demi, les Québécois votent, dans le pays des autres, pour le profit des autres. À chacune des élections fédérales, les Québécois sont sûrs de perdre leur vote. Peu importe que ce soit les Bleus, les Rouges, les verts-jaunes, les orangés, les cailles ou les indigos qui gagnent. S’il y a une vague, c’est toujours une canadian vague. Le seul gagnant, c’est le Canada. Est-ce que la vague Trudeau a fait monter ou caler le Québec ?

Le Bloc Québécois était un parti canadian à peu près comme les autres : en somme, il travaillait au bon fonctionnement du Canada, en espérant naïvement que, si le Canada fonctionnait bien, le Québec en recevrait des dividendes. On peut se réjouir que le Bloc canadien-québécois passe du rôle de spectateur sur la scène à celui de spectateur dans les coulisses. Une équivoque de moins !

Car il était une équivoque. Par exemple, en parlant de souveraineté, sans jamais poser des gestes significatifs en vue de l’obtenir. Il rêvait, avec son fondateur : "Ça viendra p’être, l’indépendance, mais il faut attendre les conditions gagnantes ; et ça risque d’être long. Il ne faut pas brusquer les choses et offenser nos amis d’en face. N’oublions pas que le Canada est un grand pays démocratique."

L’indépendance, elle se fera au Québec, pas à Ottawa. C’est au Québec et non à Ottawa que les Québécois se donneront un pays. À Ottawa, ils seront toujours réduits à l’impuissance : on ne leur laissera jamais plus que le quart des pouvoirs, et des pouvoirs de provinciaux, de mineurs... minables. Les nouveaux canadian-npédistes-québécois à Ottawa y joueront le même rôle que les bloquistes : au total, ils serviront le Canada, et non le Québec.

La condition gagnante, c’est d’avoir au Québec une force politique qui croit à l’indépendance autrement qu’un Lucien Bouchard, qu’un François Legault ou qu’un Mario Dumont, et qui prend des moyens non équivoques pour l’obtenir. Or, depuis 1995 surtout, le parti qui devait faire l’indépendance du Québec, nage dans les eaux troubles du malentendu, de l’étapisme, de l’attentisme, des palabres rose et bleu Pompadour à saveur souverainiste. Le PQ, comme feu le BQ, a travaillé dans le mou, sculptant dans la margarine un pays virtuel à naître. Les deux avaient, et ont toujours, une aversion marquée pour ceux des Québécois qui prennent l’indépendance suffisamment au sérieux pour vouloir la faire. Vouloir l’indépendance pour vrai, c’est devenir un dangereux extrémiste, presque terroriste, aux yeux de ceux qui combattent assis, en chaise roulante, avec des épées de fromage. Eux parlent de souveraineté, mais d’une souveraineté qui a des allures de souveraineté provinciale, de locataire, comme celle de l’ADQ : un Québec souverain, mais provincial, comme la canadian nation québécoise de Harper, de Layton et de tous les autres fédéralistes passés, présents et à venir.

Tirer les conclusions

Les plus grandes révolutions, dans tous les ordres, n’ont point été faites avec et par des idées extraordinaires, et c’est même le propre du génie que de procéder par les idées les plus simples. Seulement en temps ordinaire les idées simples rôdent comme des fantômes de rêve. Quand une idée simple prend corps, il y a une révolution.

Péguy, Note sur M. Bergson et la philosophie cartésienne

Voici quelques-unes de ces idées simples qui rôdent actuellement au Québec comme des fantômes de rêve. Et qui attendent d’être prises au sérieux et de prendre corps. J’aurai l’air très simpliste, très provincial, de les énoncer : on préfère les idées extraordinaires qui ont fait faillite de façon extra et qui avorteront encore demain de façon extraordinaire, si on continue de s’y pendre.

* Seuls les francophones du Québec feront le pays Québec. C’est à eux qu’il faut s’adresser. Les autres voteront toujours à 95% contre le pays Québec. Ils sont d’abord des Canadians-québécois. Ils deviendront d’abord des Québécois quand nous leur aurons donné un pays et non une province. * Pour faire l’indépendance, ces francophones doivent s’unir, au lieu de se diviser en trois ou quatre partis. Les anglophones québécois fédéralistes, eux, n’ont qu’un parti : le parti libéral. Eux, le vote ethnique, ils le pratiquent sans honte ni remords.

* On s’obstine à faire du référendum le seul outil de libération. Au lieu de travailler à l’indépendance, on travaille à préparer les fameuses "conditions gagnantes" pour le prochain référendum et surtout pour les prochaines élections.

Une autre voie nous est offerte : que les trois ou quatre partis indépendantistes (tout en gardant leur spécificité) fassent front commun en vue de l’indépendance. Ils se présenteront aux électeurs avec l’objectif premier de faire l’indépendance du Québec.

Cette voie est tout aussi démocratique que celle du référendum. Si on les élit, ces députés voteront solennellement cette indépendance à l’Assemblée nationale. Sans demander la permission à personne d’autre qu’aux Québécois à qui ils ont demandé de les élire avec ce mandat.

Les "autres" ont construit une Ligne Maginot, leur loi C-20. Cette Ligne Maginot, ce Mur de la honte, montre à l’évidence qu’il y a EUX et qu’il y a NOUS. Laissons-les en embuscade derrière leur "imprenable" Ligne Maginot.

* Alors pourquoi pas ?

Pourquoi une idée si simple et si efficace tarde-t-elle tellement à faire son chemin ? Les autres façons de procéder ont suffisamment montré leur inefficacité. Le Bloc Québécois et le Parti Québécois ont fait la preuve que s’ils ne s’engagent pas d’abord à faire l’indépendance, ils s’occuperont un peu de tout, sauf de l’indépendance. Mais ils continueront à parler d’indépendance ; pour ne pas perdre trop de votes.

Au lieu de faire rupture, de casser ce carcan qui nous tient asservis depuis deux siècles et demi, ils font de la couture, essayant de rebricoler la patente confédérale dominatrice. Comme ces "lucides" qui veulent replâtrer les murs, en changer la couleur et rafistoler les meubles, mais qui trouvent trop ambitieux le désir de devenir propriétaires de la maison.

Les deux partis dits indépendantistes ont fait la preuve qu’ils croyaient à l’indépendance comme on croit au Père Noël. Il n’est pas exagéré de dire que maintenant ils nuisent plutôt à l’indépendance, en dispersant les forces à courir après dix objectifs provinciaux mineurs, sans avoir la nette volonté de faire de l’indépendance la priorité de leurs priorités.

Il importe assez peu que Madame Marois soit réélue en triomphe avec son plan de souveraineté à la carte détrempée. André Boisclair, lui aussi, avait été élu triomphalement, avec un programme olé olé new-look fourre-tout, où l’indépendance miroitait dans le lointain comme une aurore boréale. Il a fallu peu de temps pour qu’il devienne lui-même une aurore et une erreur boréales.

Il ne s’agit plus de préparer le prochain référendum... à perdre : il s’agit de gagner l’indépendance par une autre voie que celle du référendum. Par quoi ? Par une volonté farouche de faire l’indépendance, en s’appuyant sur la volonté du peuple québécois de devenir indépendant. "Oui ou non, voulez-vous être indépendants ? Si oui, élisez-nous avec le mandat de proclamer votre indépendance au lendemain de notre élection."

Dans ces conditions, les prochaines élections québécoises au Québec seraient une véritable révolution, tranquille mais efficace comme le printemps et le Fleuve Saint-Laurent. Et elles mobiliseraient dans l’enthousiasme les énergies, maintenant éparpillées, de tous ceux qui veulent se donner un pays qui leur ressemble.

Autant il est devenu nécessaire et urgent de faire l’indépendance (ce qui a été maintenant démontré de cent manières), autant il est urgent et nécessaire de nous donner enfin un outil de libération efficace pour la réaliser.


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Vos commentaires:

Propos d’un provincial
19 juin 2011, par Gilles Bousquet

Vous écrivez : « il est urgent et nécessaire de nous donner enfin un outil de libération efficace pour la réaliser. »

Ce n’est pas l’outil qui fait défaut, c’est le pourcentage de séparatistes qui fait défaut malgré les nombreuses associations souverainistes québécoises comme les SSJB, le Conseil de la souveraineté du Québec, les IPSO etc. Ce n’est pas juste au PQ de faire l promotion de la souveraineté du Québec.

La même chose existe en Écosse. Les Écossais viennent d’élire un gouvernement autonomiste majoritaire mais il n’y a que 25 % de véritables séparatistes écossais.

Au Québec, les solides séparatistes ne sont que 25 % aussi et 20 % de mous qui peuvent aussi bien choisir une solution fédéraliste avec un peu asymétrie ou de souveraineté culturelle.

C’est la peur économique, le confort et le sentiment d’appartenance au Canada qui freine le mouvement souvrainiste-séparatiste québécois.


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