Couronne britannique - Une épuration linguistique qui se poursut
Gilbert Paquette et Mario Beaulieu, Porte-parole de Cap sur l'indépendance 9 juillet 2011 Canada
La récente visite du couple princier au Québec a suscité une réaction négative chez un grand nombre de Québécois, et notamment de la part des 22 organisations regroupées dans le réseau Cap sur l'indépendance, qui contraste avec l'accueil délirant au Canada anglais. Cela s'explique. Bien sûr, les invités du gouvernement Harper sont sympathiques et nul doute que, dans un Québec indépendant, ils seraient reçus en toute amitié, comme tout chef d'État ou souverain étranger. Mais dans le contexte actuel, ils représentent la Couronne britannique, laquelle a perpétré, parfois engagé, parfois entériné, des actions systématiques d'épuration linguistique qui ont presque réussi à éliminer le fait français hors Québec et qui menacent depuis 1982 les efforts de francisation du Québec réalisés par la loi 101.
Le gouvernement Harper s'est livré à une opération de racolage monarchique et de propagande fédéralisante masquant le fait que jamais le Québec n'a signé la Constitution canadienne en vertu de laquelle la monarchie britannique «règne» sur le Canada et le Québec. Cette institution anachronique nous rappelle notre subordination à l'État canadien tout en nous coûtant un «tribut des suites de la Conquête» de quelque 10 millions par année. En fait, nous finançons par nos impôts la famille royale, le gouverneur général et le lieutenant-gouverneur du Québec, symboles de notre domination par l'État canadien.
Un peu d'histoire
Il faut rappeler qu'en 1982, c'est la grand-mère du prince William, la reine Elizabeth, qui a entériné le rapatriement de la Constitution de Londres à Ottawa malgré l'opposition presque unanime au Québec. La Couronne britannique s'est faite complice de ce coup de force, niant la prétendue «égalité des deux nations fondatrices» qu'elle avait le devoir de protéger. Le gouvernement canadien a alors réussi à imposer unilatéralement au Québec une Charte des droits conçue expressément pour contrer la Charte de la langue française.
À la suite de plusieurs jugements de la Cour suprême initiés par des groupes anglophones financés par Ottawa, la loi 101 a subi plus de 200 amendements, dont les plus récents sur les «écoles passerelles». Cette négation de l'équilibre linguistique établi démocratiquement au Québec par la Charte du français est une honte et ses effets continuent de menacer le fait français au Québec même.
Cette histoire de la Couronne britannique au Canada est celle d'une épuration linguistique et d'une assimilation systématique planifiée depuis 250 ans. L'Amérique du Nord compte des millions de descendants d'origine française ayant tout oublié de leurs racines, jusqu'à leur langue. Au Canada, en dehors du Québec, il ne reste plus que 4,5 % de citoyens de langue maternelle française, dont la moitié ne parle plus français à la maison, malgré les images lénifiantes que tente de véhiculer Radio-Canada.
Cela a commencé en 1755 lorsque plus de 12 500 Acadiens, sur une population de près de 15 000 habitants, furent déportés sur ordre de la Couronne britannique. En conséquence de cet exil ou en essayant d'y échapper, de 7500 à 9000 moururent. On peut parler du génocide acadien. Fut ensuite réprimé dans le sang le mouvement des Patriotes de 1837-1838, qui revendiquait la démocratie parlementaire et l'émancipation nationale. Vint ensuite l'Acte d'Union de 1840 à la suite des recommandations de lord Durham, fusionnant le Haut-Canada et le Bas-Canada afin de créer une majorité anglaise et éventuellement d'assimiler complètement les Canadiens français.
Mesures dévastatrices
Après avoir mis en place tous les outils permettant notre minorisation, dont la Constitution de 1867, l'anglicisation de l'Ouest canadien a ensuite été effectuée par l'annexion du territoire métis largement francophone, par la dispersion des Métis canadiens-français et par l'exécution de leur chef, Louis Riel. Ces exactions ont permis la création des trois provinces des Prairies, officiellement unilingues anglaises, complétée en 1905.
Les mesures les plus dévastatrices ont par la suite consisté à bannir systématiquement l'apprentissage du français. Pendant plus d'un siècle et jusque dans les années 60, toutes les provinces canadiennes à majorité anglophone ont adopté ou maintenu des lois interdisant l'enseignement en français, même comme langue seconde, dans les écoles publiques.
Succédant aux législations anti-françaises canadiennes, les politiques de bilinguisme officiel instaurées par le gouvernement Trudeau n'ont en rien réparé les torts causés au peuple acadien et à la francophonie canadienne. Le Commissaire aux langues officielles dénonce régulièrement l'unilinguisme français dans les institutions fédérales. Le gouvernement canadien refuse de soumettre à la loi 101 les organismes qui dépendent de lui au Québec. Quant au multiculturalisme, il relègue progressivement les francophones au rang de minorité ethnoculturelle dont la langue n'est plus la seconde en importance dans la majorité des provinces.
Le plus ironique, c'est qu'après l'épuration linguistique anti-francophone partout au Canada et l'assimilation croissante de ceux qui résistent encore courageusement, tout mouvement pour le renforcement au Québec de ce qui reste de la loi 101 se voit taxer de radicalisme, d'extrémisme. Les Québécois ne doivent plus se laisser culpabiliser et calomnier à travers le monde par la presse anglo-saxonne. Il est plus que temps de briser le silence sur le passé anti-français du Canada anglais et de la Couronne britannique.
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Gilbert Paquette et Mario Beaulieu, Porte-parole de Cap sur l'indépendance
Yves Côté
Abonné
samedi 9 juillet 2011 03h40
La république...
A mon avis, pour regrouper le plus grand nombre des Québécois, la cible claire à dorénavant viser doit nominativement devenir l'adoption pour le Québec de la république.
Cela tirera vers le haut les exigences démocratiques de tous les citoyens du territoire, sans personnalisation ou identification de l'indépendance à quelque groupe d'origine, groupant tout le monde autour d'un fonctionnement démocratique égalitaire et, au Québec, s'exprimant définitivement en français.
Il ne suffit plus de faire le bilan négatif pour nous d'un Canada qui, dans les faits, est et restera anglais. Cela ne nous emmènera jamais ailleurs que dans un ressassement éternel de nos justes insatisfactions. Le bilan, aussi nécessaire qu'il soit, ne doit pas devenir l'objectif sur lequel tous doivent travailler. Ce travail collectif de tirer le bilan dure maintenant depuis cinquante ans; quiconque ressent le besoin de le connaître peut avoir accès à des textes, des chansons, des films, des émissions de qualité qui l'illustrent.
Pour mettre véritablement cap sur l'indépendance du Québec, ne faut-il pas regarder du côté ce qui nous donne à tous envie d'aller plus loin plutôt que de satisfaire à tourner sans cesse le fer dans une plaie vive; espérant de manière cachée ou avouée qu'un certain masochisme suffise à justifier l'indépendance politique d'une nation qui n'en finit plus d'accoucher d'elle-même ?
Messieurs Paquette et Beaulieu présentent aujourd'hui un texte de qualité, personne ne réussira sans doute à le nier sans se compromettre. Mais qu'ils me pardonnent, là où il nous mène, il y a trop longtemps que nous ne faisons sans cesse qu'y aller...
Parlons dorénavant ensemble de la république. L'occasion nous en est donnée avec la visite des deux royaux tourtereaux, ne la ratons pas. Outre de recentrer définitivementle combat politique des Québécois sur l'avenir du pays, l'avantage sera nettement d'ouvrir l'esprit d'un plus grand nombre à l'in
Georges Paquet
Abonné
samedi 9 juillet 2011 07h17
Deux nouveautés...
Première nouveauté, on constate que des indépendantistes semblent se soucier du sort des francophones hors-Québec.
Seconde nouveauté, des indépendantistes semblent n'avoir rien à proposer de concret aux Québécois.
Georges Paquet
Abonné
samedi 9 juillet 2011 07h25
Trois questions...
1-Les indépendantistes ont-ils réfléchi au genre d'appui qu'ls pourront apporter aux francophones hors-Québec dans l'éventualité de l'Indépendance du Québec?
2-Les indépendantistes envisagent-ils de prendre le pouvoir politique à Québec afin de réaliser l'Indépendance? Si oui, envisagent-ils de former un Parti politique.
3. Les indépendantistes se préparent-ils à répondre aux questions de Jacques Parizeau?: ««Le Québec a-t-il les moyens d'être un pays indépendant? Comment compense-t-on la suppression de la péréquation? Que deviendra le mode de vie des Québécois? Quelle sera la monnaie d'un Québec souverain? Une fois débarrassé de la tutelle de la Cour suprême d'Ottawa, comment va-t-on assurer l'avenir du français et le développement de la culture québécoise? Y aura-t-il des forces armées québécoises? Quel rôle joueront-elles? Quand le Québec récupérera tous ses impôts, quelle part sera réservée aux régions et aux municipalités? Quelles nouvelles tâches leur seront confiées à l'égard par exemple du développement économique ou de la protection de l'environnement?»»
Loraine King
Inscrite
samedi 9 juillet 2011 07h44
Imaginer un pays
En vous lisant je me
dis que l’unité canadienne est assurée. Vous vous réfugiez dans l’histoire alors que partout et depuis toujours les êtres humains ont besoin d’inventer et de créer. L’être humain ne peut vivre sans rêver. Vous ne faites que revivre des cauchemars.
La visite récente du couple princier me fait me rappeler que la démocratie est très bien servie par le régime de monarchie constitutionnelle. La monarchie est, comme l’écrivait Bagehot, intelligible. N’importe qui comprend ce qu’est un roi mais peu de gens comprennent les détails d’une constitution, les stratégies des partis, les règles et les coutumes des assemblées législatives. Qu’un homme et une femme se servent de leur notoriété pour attirer le regard des caméras sur un groupe de sans abris de la région de Québec est une très bonne chose. Ce ne sont pas les politiciens qui font ce travail. Ce que je retiens le plus de cette visite ce n’est pas les photos de la duchesse mais les photos des Canadiens qu’elle a rencontré, des jeunes sans abri, des enfants, d’un petit garçon en fauteuil roulant heureux que la princesse se penche vers elle.
Luc Boyer
Abonné
samedi 9 juillet 2011 08h26
Le populo
Le populo se foue du français, comme de son histoire. Il n'aura que la dignité d'être voué aux poubelles de l'histoire.