[1] Les Québécois sont enfermés dans une double prison.
[2] Comme nation, ils sont enfermés dans une prison constitutionnelle canadienne dont ils n’ont jamais voulu, la première fois en 1867, par un simple vote de députés restreints et à l’exclusion des femmes et la 2e fois, par une décision unilatérale d’une conférence constitutionnelle, sans l’accord du Québec. Aucune modification à cette constitution ne peut être apportée sans la participation du Parlement canadien et des législatures provinciales représentant 50% plus un de la population canadienne. La constitution canadienne est cadenassée à double tour, avec l’adoption du Bill C-20 qui remet en cause le principe de la majorité simple. Ce qui est bon pour Pitou n’est pas bon pour Minou.
[3] Comme peuple, les québécois sont enfermés également dans une fausse démocratie, la démocratie dite de représentation, où les décisions quotidiennes qui concernent le peuple sont prises par un petit groupe restreint de personnes qui défendent la plupart du temps, leurs propres intérêts comme classe privilégiée et les intérêts du pouvoir économique tout en se soumettant aux diktats du pouvoir financier privé (les banques et institutions financières) à qui le peuple a laissé la création monétaire pour 90% de la masse monétaire.
[4] Le combat de la nation québécois pour se débarrasser du carcan constitutionnel canadien et créer un État souverain sera incomplet si le peuple québécois n’acquiert pas sa souveraineté en reprenant le contrôle effectif des décisions qui le concernent, c’est-à-dire en modifiant profondément la démocratie de représentation pour le remplacer par une démocratie directe et de participation où des mécanismes de surveillance et de contrôle seront mis en place à l’intérieur d’une Chambre des citoyens tirés au sort et dont les postes seront temporaires et non renouvelables (comme des jurés). Seule une constituante citoyenne peut opérer ces changements et la résistance, il faudra s’y attendre, viendra principalement des députés élus et de leurs alliés oligarques.
[5] Donc souveraineté de l’État et de la nation, et souveraineté effective du peuple sont 2 combats complémentaires et l’un ne va pas sans l’autre.
[6] Pour la souveraineté de l’État ou de la nation, il faut viser une déclaration d’indépendance vis-à-vis du Canada à la première occasion raisonnable, dans les premières semaines qui verrait l’élection d’un gouvernement "souverainiste" majoritaire. Cette déclaration peut se faire par un groupe de députés souverainistes à l’extérieur de l’Assemblée Nationale, mais elle ne rendra pas la souveraineté de l’État effective, qui seule sera possible par la reconnaissance internationale résultant d’un rapport de forces de facto favorable.
[7] Pour la souveraineté du peuple, il faut mettre sur pied, le lendemain d’une élection gagnante une constituante citoyenne qui établira les nouvelles règles du jeu d’une véritable démocratie où le peuple sera maître en tout temps des décisions qui le concernent et non pas une fois à tous les 4 ans, lors d’une élection.
[8] C’est qu’on appelle un "projet de pays" indépendant et véritablement démocratique. C’est la seule façon de sortir de la prison dans laquelle la nation et le peuple québécois est enfermée à double tour.
[9] Tout cela est évidemment loin du Plan Marois qui ne traite ni de l’un ni de l’autre.
Pierre Cloutier