Québec) Le désir de couvrir l'entente du maire Labeaume d'une «burqa législative» à l'automne risque d'exploser au visage du gouvernement Charest, prévient Denis de Belleval.
Le plus farouche opposant au contrat sur l'amphithéâtre entre le maire de Québec et Quebecor est revenu à la charge, jeudi. Il maintient sa requête en nullité de l'entente de gestion et doit être entendu en Cour supérieur le 8 juillet.
L'ex-directeur général de la Ville de Québec s'insurge que le ministre Laurent Lessard «jette de l'huile sur le feu» avec sa volonté de protéger l'entente de poursuites judiciaires à l'automne «comme si personne n'avait retenu de leçons».
Cette intention est selon lui «socialement irresponsable et politiquement suicidaire».
Les démissions fracassantes au Parti québécois (PQ) dans la foulée du projet de loi 204 risquent de faire tache d'huile chez les libéraux, croit son acolyte, Alain Miville de Chêne.
«Je crois que s'ils ressortent cette loi, ça ne sautera pas dans les mains du PQ, mais dans celles du PLQ [Parti libéral du Québec], a-t-il noté. Ce sont des grosses armes à manipuler avec très grande précaution.»
La perspective que la façon de faire de M. Labeaume soit légalisée, ou qu'elle serve de base à l'élaboration d'une politique-cadre, horrifie les deux hommes.
«Si on utilise la mauvaise gestion du maire Labeaume comme critère pour créer de nouvelles lois, elle est là, la dérive, soutient M. Miville de Chêne. Si on institutionnalise ce style de gestion, on va être pire encore.»
L'initiative des deux hommes de contester l'entente devant les tribunaux risque fort de tomber à l'eau si le gouvernement la protège par une loi. La contestation constitutionnelle est plus longue et coûteuse.
Ils ont jusqu'à maintenant récolté quelque 8000 $ avec leur campagne de financement J'ai ma place au tribunal auprès ceux qui les soutiennent leurs actions.
Il appert que les avocats de la région de Québec n'étaient pas très enclins à l'idée de prendre leur dossier. «L'immense majorité des avocats de Québec n'ont pas voulu nous représenter, dit M. Miville de Chêne. Comme il va y avoir des centaines de millions de dollars qui vont se donner, beaucoup d'avocats vont être appelés à travailler dans tout cela. Ils ont chacun leur façon de s'assurer qu'ils vont rester» dans la course.
Faux prophète
Les sondages qui montrent l'appui populaire envers le maire Labeaume sont compréhensibles, affirme M. de Belleval. Ceux qui ont acheté ses promesses doivent vivre des lendemains amers, suppose-t-il.
«Je comprends qu'il y a des gens qui ont cru un faux prophète, analyse M. de Belleval. Et le faux prophète est encore populaire. Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Ça n'en fait pas un vrai prophète.»
Ce ne sont pas des élections qui doivent décider de qui a raison ou qui a tort dans ce dossier, poursuit M. Miville de Chêne, mais les tribunaux.
«On détermine si c'est légal et bien fait, note-t-il. Ça ne se détermine pas par un appel au peuple. Pas du tout. C'est la fonction du système judiciaire. On ne se soumettra pas à une vague de fureur de la foule. On veut se soumettre au jugement d'un juge», a déclaré le bras droit de Denis de Belleval.