Le musicien Claude Léveillée a marqué la chanson
MONTRÉAL - Sans contredit un des plus grands noms de la chanson québécoise, Claude Léveillée s’est éteint à l'âge de 78 ans.
Au fil d’une longue carrière artistique, il aura été reconnu pour ses talents de musicien, d’auteur, de compositeur, d’interprète et de comédien. Surtout, il lègue des chansons parmi les plus belles du répertoire francophone.
Né le 16 octobre 1932 à Montréal, Claude Léveillée apprend à pianoter dès qu’il est en âge de se tenir sur un tabouret. Le piano demeurera son instrument fétiche toute sa vie.
Même s’il se met très tôt à l’écriture de chansons, sa carrière prend son envol dans les années 1950 à titre de comédien, dans les émissions pour enfants à la télévision.
À l’époque, les chanteurs trouvent peu d’endroits où se produire. Avec d’autres _ Hervé Brousseau, Jean-Pierre Ferland, Clémence DesRochers et André Gagnon _, il fonde donc en 1959 le groupe «Les Bozos» (dont le nom fait référence à une chanson de Félix Leclerc) et fait connaissance avec la scène de la boîte «Chez Bozo».
Mais il n’aura pas beaucoup de temps pour apprivoiser son nouveau métier: dans la salle du Bozo un soir de cette année-là se trouve une figure légendaire de la chanson française, Edith Piaf. Elle lui propose de l’accompagner à Paris où il pourrait lui écrire des chansons, ce qu’il fit, pratiquement séquestré pendant des mois dans l’appartement de la célèbre chanteuse. Il lui offre «Boulevard du crime» et «Les Vieux Pianos», notamment. En 1990, le cinéaste Jean-Claude Labrecque a d’ailleurs immortalisé sa période «Piaf» dans un film intitulé «67 bis, boulevard Lannes».
Il revient au pays en 1961 et fait la rencontre de Gilles Vigneault, avec qui il écrira plusieurs chansons, dont «Le Rendez-vous». L’année suivante, il enregistre le premier d’une longue série d’albums et de succès: «L’Etoile d’Amérique», «La Scène», «La Légende du cheval blanc», etc.
C’est en 1963 qu’il crée un de ses classiques, «Frédéric». Sa consécration grandit de jour en jour et l’année suivante, il devient le premier Québécois à se produire à la Place des arts, à Montréal.
Musicien prolifique _ il a enregistré des dizaines d’albums _, Claude Léveillée est aussi l’auteur (avec Louis-Georges Carrier) de sept comédies musicales, et il a composé la musique d’un nombre incalculable de téléthéâtres (dont «Des souris et des hommes»), téléséries («Scoop») et films (dont «Quelques arpents de neige», de Denis Héroux, en 1972).
Son talent a été reconnu à l’échelle internationale et, au cours de sa carrière, il effectuera plusieurs tournées à l’étranger, surtout en Europe.
Parmi les moments forts de sa carrière, notons l’édition 1976 de la Fête nationale à Montréal, alors qu’il fait partie des «cinq grands», avec Gilles Vigneault, Jean-Pierre Ferland, Robert Charlebois et Yvon Deschamps, spectacle immortalisé dans l’album «Une fois cinq».
Les années 1980, 1990 et 2000 seront plus calmes au plan de la création musicale, mais il demeure toujours actif et continue à donner des spectacles. En juillet 2003, il avait participé aux FrancoFolies de Montréal et était d’un spectacle-hommage à Jacques Brel, au Festival d’été de Québec. Il avait aussi enregistré un album regroupant ses plus grands succès, «Mes Immortelles, je vous les confie».
En 2004, il fait partie être de la distribution de la comédie musicale «Don Juan», mais est forcé de se retirer quelques mois plus tard pour des raisons de santé. Coup sur coup, Claude Léveillée a été foudroyé par deux hémorragies cérébrales, survenues dans un court intervalle.
Il avait par la suite réduit considérablement la cadence. Plusieurs hommages lui ont ensuite été consacrés par la colonie artistique. Des spectacles ont aussi été organisés afin d'amasser des fonds pour l'aider à défrayer les soins de santé nécessaires à son mieux être.
Parallèlement à sa carrière musicale, Claude Léveillée n’a jamais renoncé à son côté comédien. Dans les années 1960, il a joué dans plusieurs téléromans et téléthéâtres. Il avait aussi, en 1965, avec Yvon Deschamps et Paul Buissonneau, fondé le Théâtre de Quat’Sous, à Montréal, dans une ancienne synagogue.
Au petit écran, il a incarné un magnat de la presse dans la série télévisée «Scoop», ainsi qu’un ancien professeur à la santé mentale fragile dans «Tabou».
Il a tenu aussi quelques petits rôles au cinéma, dont dans «La Ligne de démarcation», de Claude Chabrol, en 1966, et «Jésus de Montréal», de Denys Arcand, en 1988.
Il a été fait Officier de l’Ordre du Canada en 1997, puis l’année suivante chevalier de l’Ordre national du Québec.