L'exécution de Pierre Laporte
de Pierre Vallières - Extraits fournis par Jean-Luc Dion - Introduction - Six ans après octobre 1970, l'inévitable affrontement
(5) La mise en application de cette opération inédite en Occident fut confiée au Centre des opérations stratégiques (le S.O.C.) qui avait ses quartiers généraux sur la rue Sparks à Ottawa. Le S.O.C. était formé, entre autres, de Jim Davey, Arnold Masters, Robin Bourne, Fernand Cadieux, Jean-Pierre Mongeau, Jean-Pierre Goyer, et des représentants de l'armée et de la G.R.C. Il relevait directement de Pierre Trudeau et de Marc Lalonde. L'existence du S.O.C. ne fut révélée que cinq ans plus tard dans une émission du réseau C.B.C. sur la crise d'octobre.
Le S.O.C. avait, depuis plusieurs mois, un portrait détaillé des felquistes qui formeraient plus tard les cellules Libération et Chénier. Il connaissait leurs projets. Il les laissa s'organiser. Parallèlement se déroulaient au collège militaire de Kingston des "war games" destinées aux officiers supérieurs de l'armée et à des représentants de l'escouade combinée anti-terroriste (C.A.T.). Le moment venu, il ne resterait plus qu'à mobiliser solidement l'attention générale sur les "exploits du F .L.Q.", puis, cela fait, à transformer cette attention soutenue en une tension de plus en plus vive qui, de l'enlèvement d'un « Anglais » à l'assassinat d'un "Canadien français", de la démagogie verbale à l'occupation militaire, obligerait chaque Québécois à prendre position pour ou contre cette "conspiration subversive que constitue le séparatisme du P.Q. au F.L.Q.", pour ou contre le danger mortel du nationalisme qui menace l'existence de "l'État même du Québec" (Jean Marchand, 16 octobre 1970).
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